Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bob DYLAN-Rough and Rowdy Ways

On a retrouvé Dylan. Le vrai, le grand, pas celui qui revisite le répertoire américain, mais le poète inspiré qui de « Desolation Row » à « Tempest » a écrit les plus beaux textes de la musique américaine depuis les sixties. Tout peut arriver avec le bonhomme, le pire ou le meilleur, lui qui a toujours refusé le rôle de leader/porte-drapeau que tout le monde adorerait lui faire endosser. Dylan, c’est avant tout un poète, un vrai, un mec qui porte son message sur toutes les scènes du monde dans un Never Ending Tour qui se terminera vraisemblablement avec sa mort en scène. Bobby aime le blues, depuis ses débuts à Greenwich avec John Lee Hooker, et le titre de l’album est un hommage à la chanson « My Rough and Rowdy Ways » de Jimmie Rodgers quand le vieux bluesman évoquait ses errances le long des voies ferrées dont Dylan s’est fortement inspiré pour s’inventer une biographie imaginaire de « hobo ».

Certes, ce qu’on retient en priorité, c’est cette longue suite, « Murder Most Foul » dix-sept minutes psalmodiés d’une voix qui a retrouvé ses belles intonations, où il démontre qu’à presque 80 ans, il est toujours incroyablement inspiré. On pense tout de suite à  » Desolation Row », autre morceau où les vers se succèdent sans apparemment aucun lien entre eux, mais qui au final, forme un tout cohérent et exceptionnel. Tout démarre à Dallas en 1963 « Twas a dark day in Dallas, November '63 / A day that will live on in infamy / President Kennedy was a-ridin' high / Good day to be livin' and a good day to die / C'était un jour sombre à Dallas, novembre 63 / Une journée qui continuera dans l'infamie / Le président Kennedy était à la dérive / Bonne journée pour vivre et bonne journée pour mourir « Puis la focale s’élargit, « The Beatles are comin', they're gonna hold your hand »….. « I'm going to Woodstock, it's the Aquarian Age » « Then I'll go to Altamont and sit near the stage » Les Beatles arrivent, ils vont te tenir la main…. Je vais à Woodstock, c'est l'âge du Verseau… Ensuite je vais à Altamont et je m'assois près de la scène. Puis Dylan revient à Dallas, sur les suites de l’assassinat, la prestation rapide de serment de Johnson, « Frankly, Miss Scarlett, I don't give a damn / What is the truth, and where did it go? Ask Oswald and Ruby, they oughta know /"Shut your mouth," said a wise old owl / Business is business, and it's a murder most foul « Franchement, Mamzelle Scarlett, je m’en fous / Quelle est la vérité et où est-elle passée ? / Demandez à Oswald et Ruby, ils devraient savoir / « Taisez-vous », a dit une vieille chouette / Les affaires sont les affaires, c’est le crime le plus ignoble jamais commis ». Dans la troisième partie, Dylan va produire une multitude de références musicales et des citations qu’ils mélangent habilement à son récit, (une bonne quinzaine) de la Nouvelle Frontière de JFK, à the Acid Queen de Tommy des Who, au film de Zapruder sur l’assassinat. Ces références sont encore plus présentes dans la dernière partie où il nomme un nombre incroyable de chansons, de faits et d’artistes, de Wolfman Jack, à Dickey Betts, via Etta James ou le Marchand de Venise de Shakespeare, le tout étant parfaitement cohérent et orchestré.

On ne sort pas indemne de ce long morceau, une des œuvres phares et incontournable du Zim.

Ce morceau est isolé sur le second CD, afin de ne pas écraser les autres titres qui méritent largement le détour. Ainsi « Goodbye Jimmy Reed » encore un hommage à un bluesman, ou Key West (Philosopher Pirate) qui évoque cette ville au bout de la Floride, et encore « Crossing the Rubicon » et ses envolées sur Berlin.

On retrouve les métaphores de Dylan, les vers qui se succèdent, sans lien nécessairement logique à la première écoute, mais qui à la longue forme une continuité cohérente et implacable. Les mots jaillissent, se bousculent, se mélangent, se transforment pour se mettre au diapason du texte de la chanson.

A l’évidence, cet album restera comme l’un des plus grands de sa discographie, rappelant de toute évidence qu’il existe Dylan et puis, loin derrière tous les autres !

 

Tag(s) : #album
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :