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Léonard COHEN a fêté ses 80 ans le 21 Septembre, et comme il veut que tout le monde participe à la fête, il a sorti son nouvel album le 23 septembre. Notre poète canadien, qui avait décidé de se retirer dans un monastère bouddhiste à Mount Baldy Zen Center près de Los Angeles et avait même été ordonné moine... est revenu dans notre bas monde quand il s’est aperçu que son manager lui avait soutiré cinq millions de dollar, ce qui prouve qu’on peut être détaché des contraintes matérielles mais quand même suivre l’évolution de son compte en banque entre deux méditations. Du coup, il a décidé de faire participer son généreux public à la reconstruction de sa fortune, en donnant de superbes concerts de trois heures avec un prix des tickets pas vraiment bouddhiste, puis a sorti des albums live, un excellent opus studio (Old Ideas en 2012), et encore et toujours des tournées bien lucratives.
Pour son nouveau CD, il a appliqué les principes de Bouddha : du minimalisme ! Pour la durée, neuf chansons, trente-six minutes (Euh Léonard, maintenant on est passé au CD, on peut faire plus long) et aussi l’accompagnement. Inutile de déranger de vrais musiciens quand on peut bricoler sur des boîtes à rythmes et des synthés dans sa cave entre deux méditations. Après, il suffit de monter un bon plan com (Bon l’affiche géante à Times Square c’est déjà fait, allez on va faire cela à l’Ambassade du Canada).
Le résultat est à la hauteur de l’ambition de départ. On se retrouve avec un CD low cost. Prenons un exemple : "Born In Chains” qui a été joué en live avec des voix féminines, et des solos superbes, sonne quasiment quelconque avec cet accompagnement électronique. Certes, Cohen aime dérouter, souvenez-vous qu’il avait trouvé Phil SPECTOR comme producteur, mais là on se demande si il ne prend pas ses fans pour des gogos. Idem pour l’écriture, Patrick Leonard (qui a travaillé avec MADONNA, Bryan FERRY, Elton JOHN, Rod STEWART, David GILMOUR et Roger WATERS) a composé la quasi-totalité des morceaux à l’exception de "Born In Chains" et "A Street" cosigné avec sa compagne Anjani Thomas.
Alors il reste la voix, toujours superbe qui parvient à faire oublier ce background musical, ou le violon dans « Samson In New Orleans » et « You Got Me Singing ». Ou l'on retrouve du grand Léonard. Les paroles font référence à la bible (Moïse traversant la Mer Rouge dans « Born In Chains », Samson qui regarde la misère et la richesse de la Nouvelle-Orleans) au temps qui passe, à la vieillesse dans "Slow" et "Nevermind" cette dernière au parfum oriental, la guerre dans "A Street" qui semble être un écho lointain à "There Is A War" et sur "Almost Like The Blues" où la foi semble être sa solution pour oublier le cafard et l’horreur des guerres, heureusement la dernière chanson "You Got Me Singing" parle d’amour.
Vous l’avez compris, on ne rigole toujours pas beaucoup dans l’univers de Cohen, et l’écoute du CD est fortement déconseillé aux dépressifs à tendance suicidaire. Mais le plus fort, le plus incroyable, est que le vieux grigou réussit encore son coup, après deux, trois quatre écoutes, on oublie les synthés, pour ne retenir que la voix, les paroles les envolées des chœurs féminins qui comme souvent dans son univers apportent le salut, la rédemption. En effet, ce disque se fait sa place, s’impose justement par son côté minimaliste...
Drôlement malin, le poète canadien! ! !

 

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