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Johnny CLEGG-Third World Child

Entre guitare et fusil / Jonathan a bien choisi / Ses chansons sont des pavés / Des brûlots / Qui donnent des ailes aux marmots / Sa musique a fait rouiller / Les barbelés / Et scié bien des barreaux / A Soweto, dans le ghetto / Jonathan pourtant ne porte aucun drapeau. Cette chanson, Jonathan, écrite par Renaud et qui ouvre son album Putain de camion sorti en 1988, résume parfaitement la personnalité de Johnny Clegg. C’est l’histoire d’un petit blanc née dans une famille juive en Angleterre, qui découvre très jeune l’Afrique, celle de l’apartheid en Rhodésie et en Afrique du Sud. Il rencontre Sipho Mchunu, un guitariste noir, et ils se produisent ensemble, un noir et un blanc, c’est quasiment révolutionnaire au pays des Africaners. Johnny a l’idée de mélanger la musique zoulou et les paroles en anglais, avec Juluka (le nom du duo) puis ensuite avec son nouveau groupe Savuka qui avec son premier album, en 1987, cartonne dans le monde avec plus de deux millions d’exemplaires vendus. La chanson référence, celle qui fait le tour de la planète est dédié à Nelson Mandela, qui purge une longue peine de prison sur l’île de Robben Island située au large du Cap. Les paroles sont fortes, émouvantes, chantés a capella comme un appel tôt le matin dans la savane ‘Asimbonanga /Asimbonang' umandela thina / Laph'ekhona / Laph'ehleli khona » Nous ne l'avons pas vu / Nous n'avons pas vu Mandela / A l'endroit où il est / A l'endroit où on le retient prisonnier psalmodié moitié en zoulou, moitié en anglais et véhiculant un puissant message d’espoir, et de force, annonçant comme une simple évidence qu’un jour Mandela reviendra.

Certes, Johnny Clegg est un militant, fermement engagé dans sa lutte contre l’apartheid ce qui lui procure des désagréments auprès de la population blanche, mais aussi une reconnaissance planétaire qui se confirmera avec le choix de « Scatterlings of Africa » pour la bande originale du film Rain Main avec Tom Cruise et Dustin Hoffman. Il serait dommage de réduire l’album à ces deux morceaux emblématiques, d’autres titres sont excellents avec ce mélange réussi des percussions et des sons africains et des instruments européens comme le saxophone et la flûte de Keith Hutchinson.

Et l’histoire, la Grande rejoint la musique quand Nelson Mandela un jour de 1999 monte sur scène pendant que Johnny joue « Asimbonanga ».Avec cinq millions d’albums vendus, Johnny Clegg est une star de la musique africaine, pourtant ses concerts étaient toujours chaleureux, bourrés de feeling, d’humour, il avait dans les yeux une étincelle de bonheur quand il jouait.

Un superbe musicien nous quitte, mais surtout un grand bonhomme qui a montré au monde que dans l’Afrique du Sud raciste, un blanc pouvait se lever et se battre pour une cause juste, pour un monde meilleur, pour la liberté d’un peuple, pour cette nation arc-en-ciel, loin d’être parfaite bien sûr, mais où tous les hommes sont enfin égaux.

Tag(s) : #album
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