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Mark Knopfler-Down the Road Wherever

C’est un matin de novembre, le jour se lève et le brouillard enveloppe le paysage, on aperçoit seulement dans un halo gris/blanc les lumières de Noël du magasin Truffaut de l’autre côté de la route en contrebas. Les feux rouges des voitures transpercent difficilement la purée grise et les dernières feuilles tentent de rester accrocher aux arbres pendant qu’un escadron de pigeons gras comme des moines s’empiffrent avant l’hiver dans le jardin humide et dénudé. Histoire d’égayer la journée je vais écouter le nouveau Mark Knopfler, rien que la pochette qui représente une route américaine ensoleillée donne des envies d’aventure et de grands espaces. Knopfler c’est quand même le gaillard qui, avec Dire Straits, a donné un sacré coup de fraîcheur à la pop anglaise dans les années 1977, quand le punk et le épingles à nourrice dominaient la Perfide Albion. Des sonorités de guitares lumineuses, de la gaieté, de la bonne humeur, des concerts réussis…. Le temps passe, la roue tourne, et, comme souvent, le guitariste se met en quête de respectabilité, veut démontrer que il est un Musicien avec un grand M et après quelques essais avec Chet Atkins et The Notting Hillbillies, se lance dans une carrière solo, et en même temps de musiques de films.

C’est là que les choses se compliquent. Il devient une sorte de Ry Cooder américain pour les BO et sort des disques de plus en plus soporifiques en solo, avec une parenthèse enchantée, celle de l’album All the Roadrunning avec la somptueuse Emmylou Harris.

Pourtant le nouvel album démarre merveilleusement avec deux titres excellents « Trapper Man » et « Back On The Dance Floor ». C’est enlevé, léger, on retrouve presque le Dire Straits de la belle époque. Mais dès « Nobody’s Child” on reprend les mauvaises habitudes. Un tempo lent, une voix monocorde, on a l’impression qu’il s’ennuie à mourir, tendance maniaco-dépressif suicidaire, un peu comme s’il essayait d’imiter JJ Cale, qui, lui, savait maîtriser le temps qui passe, et faire l’éloge du laid-back.

Et on touche le cœur du problème. Knopfler est incontestablement un bon guitariste, il nous sort des sons de toute beauté, des chorus ciselés mais il est emmerdant. Carrément. Ce qui caractérise l’écoute entière d’un album c’est l’ennui qui précède une certaine somnolence béate. C’est propre, rien ne dépasse, dommage on aimerait bien entendre des sons un peu sales, à la place de ces titres sans qui défilent. Le genre de morceaux aseptisés, de la musique d’aéroport qui est servi en accompagnement, pas en plat de résistance. Pourtant, et c’est le paradoxe, cet album n’est pas le plus mauvais, au contraire, de sa carrière solo. Certes à l’exception de Sailing in Philadelphia, il faut être quasiment Superman pour encaisser sans mourir d’ennui ses albums solos malgré quelques titres corrects de temps en temps. Alors certes le solo de saxophone sur « Good On You Son” est insipide, les tempos amènent l’engourdissement, la voix est plus triste encore qu’un jour de brouillard de novembre, c’est vraiment pas le genre de truc à écouter à cette époque. L’album est long, interminable, en plus c’est la version de luxe, et on craint le pire quand on apprend qu’une tournée européenne gigantesque est prévue d’avril à juillet 2019, suivie d’un autre aux USA.

J’avoue avoir du mal à suivre. Existe-t-il dans le monde autant de nostalgiques de Dire Straits ? Ou alors le public aime vraiment Knopfler en solo ?

Il est temps de sortir mon couteau pour aller couper le brouillard !

 

Tag(s) : #album
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