Don't Explain en 2011 avait été une réussite musicale doublée d’un succès commercial, deux excellentes raisons de remettre le couvert pour Beth Hart et Joe Bonamassa avec les mêmes musiciens Anton Fig (batterie, percussions), Blondie Chaplin (guitare), Carmine Rojas (basse), Arlan Schierbaum (clavier), et Lenny Castro (percussions) et toujours avec des reprises du répertoire blues et soul.
Mais pour Seesaw, la mayonnaise ne prend pas, ou du moins, elle a un fort goût de moutarde.
Je sais que je fais le difficile et que la plupart des critiques seront louangeuses, mais je ne peux pas m’empêcher de trouver ce CD très inférieur au premier.
J’ai déjà eu l’occasion de donner mon sentiment sur le jeu de Bonamassa, guitariste talentueux, grand technicien, mais qui ne possède pas un « son » à lui. Ecoutez Derek Trucks par exemple, quel que soit le style de musique joué, on reconnaît son toucher dès les premières notes.
Bonamassa lui joue « à la manière de » ce qui, certes, prouve sa dextérité, mais au détriment de sa personnalité.
Beth Hart est un peu confronté au même problème, sa voix est superbe, elle peut et sait tout chanter, mais sa volonté légitime de se tracer un chemin sur la route du succès la porte à faire des choix commerciaux, grand public, et de démontrer qu’elle est l’héritière des grandes chanteuses soul et blues.
Je peux comprendre cette ambition légitime, mais pas l’approuver.
Enfin et conséquence logique de ce qui précède, le CD est interprété par des requins de studio, avec une production bien lourde, des arrangements de cuivres pesant des tonnes.
C’est très bien fait.
Trop bien fait ?
Beth Hart reprend Aretha Franklin, Ike & Tina Turner, Etta James, Billie Holiday, le « Miss Lady » de Buddy Miles et pousse même le vice à s’attaquer à la concurrence directe avec “If I Tell You I Love You” de Melody Gardot ou “I Love You More Than You’ll Ever Know” de Donnie Hathaway que Amy Winehouse avait magistralement repris en live.
On atteint la limite du genre avec la dernière chanson « Strange Fruit », une chanson très forte sur l’esclavage et le lynchage créée par Billie Holiday et qui figurait au répertoire de Nina Simone. C’est superbement chanté par Beth Hart, mais on se dit que la tentative de récupération n’est pas loin surtout quand on sait que son management est à l’origine du choix.
Je le répète ce CD n’est pas mauvais, il est calibré pour cartonner, mais j’aurais préféré des compositions originales des deux protagonistes, et pourquoi pas DANS un environnement plus dépouillé, avec juste la guitare acoustique de Bonamassa sur lequel Beth poserait sa voix sublime.
Mais il est à craindre que mon vœu ne sera pas réalisé avant longtemps
Them There Eyes
Close To My Fire
Nutbush City Limits
I Love You More Than You'll Ever Know
Can't Let Go
Miss Lady
If I Tell You I Love You
Rhymes
Sunday Kind Of Love
See Saw
Strange Fruit
Joe Bonamassa - vocals, guitar
Beth Hart - vocals
Lee Thornburg - trumpet, trombone
Anton Fig - drums, percussion
Lee Thornberg - trumpet, trombone
Blondie Chaplin - percussion, background vocals
Arlan Schierbaum - piano,
organ
Ron Dziubla – saxophone