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Toujours pas de nouvelles de Florence et Hussein 

J'ai toujours hésité avant d'écrire quelque chose sur ce mec. Trop compliqué, trop complexe et surtout je crois que notre homme est plus un poète qu'une star du rock.

Quarante ans de carrière, certainement le parolier du rock le plus vénéré, le plus copié, il faut donc dépasser l'aspect musical pour s'attaquer aux textes .

Mais voilà un soir d'hiver 2004, j'écoute son concert du Zénith le 13 novembre 2003.J'avais zappé ce rendez-vous mais ....

They need somewhere to go/As lady and I look out tonight/From the Desolation Row

Ils cherchent un endroit où aller/Comme madame et moi regardons dehors ce soir/l'allée de la désolation (Desolation Row)

Un jour de 1989, Bob DYLAN a décidé d'entamer le Never Ending Tour, qui…continue. Cent concerts par an en moyenne, à 64 ans, à travers les States, l'Europe, les Antipodes, une tournée d'adieu sans adieux, où le ZIM soir après soir marmonne, malaxe, déchiquète, broie, tous ses hits anciens et nouveaux.

Hey Mr Tambourine Man, play a song for me/I'm not sleepy and there is no place I'm going to/ Hey l'homme au tambourin joue moi une chanson/Je n'ai pas sommeil et n'ai nulle part où aller (Mr Tambourine Man)

30/04/2002 Zenith. Je rentre d'une super semaine de vacances à Marrakech, seulement polluée par le résultat du 21 avril.

Le Zim attaque son concert sans un mot sur la situation politique, pas heureux que des spectateurs arrivent en retard. De la façon dont il massacre d'entrée Desolation Row et Higway 61 on sent que Monsieur DYLAN n'est pas dans un bon jour. Les chansons sont descendues à la hache, marmonnées à la Gainsbourg, déstructurées, tellement déjantées que je ne reconnais pas Like a Rolling Stone. Le groupe qui joue derrière lui est pourtant excellent, mais voilà, Monsieur a décidé de bâcler le show.

Et croyez moi il met le paquet, avec son air de picador mexicain coulé dans un fute qui lui moule le cul, sa petite moustache de mafioso, son chapeau de cow-boy, sa guitare portée très haut sur le ventre. Il est maigre, il danse comme un canard, le genre de mec que surtout tu ne ramènes pas à la maison sauf si tu souhaites le départ de ta copine. Après avoir passé tout son répertoire à la tronçonneuse, il se casse vite fait.

Je sors pas vraiment surpris, mais je ne comprends pas pourquoi il tourne autour du monde depuis plus de dix ans.

Pour massacrer sa légende?. C'est fait depuis longtemps.

Pour le fric? Je ne crois pas, les droits d'auteur doivent lui permettre de vivre peinard. ALORS?

Moi je crois que c'est tout simplement un putain de connard qui n'a pas envie de rester chez lui avec femmes et enfants et qui chaque soir remet sur scène un bout de sa vie avec la certitude d'être le meilleur et ceux qui sont de son avis sont des cons et les autres aussi.

Moi je trouve cette idée séduisante non?

How many roads must a man walk down/Before you call him a man

Combien de routes un homme doit-il parcourir/avant que vous ne l'appeliez un homme?(Blowin' in the Wind)

C'est sur qu'un mec qui a écrit des tas de chansons, dont certaines sont devenues des classiques, qui a changé la vie d'un tas de gens, pose un regard différent sur la gloire et la fortune que le commun des mortels. DYLAN c'est à RIMBAUD ou LORCA qu'il fait référence dans A Hard Rain's a Gonna Fall par son approche narrative avec l'emploi du "je" puis ensuite celui de "entendu" et enfin de "où". Chanson apocalyptique qui charrie des images déglinguées sur fond de guerre, le titre est une référence à la pluie nucléaire, et tout au long du poème revient le "my blue-eyed son", sorte de Petit Prince symbole de pureté dans cet univers de feu, qui pose les questions.

 

 

Got to hurry on back my hotel room/Where I've got me a date with Boticelli's niece/She promised that she'd be right with me/When I paint my Masterpiece

Je retourne vite dans ma chambre d'hôtel/ Où j'ai rendez-vous avec la nièce de Boticelli Elle m'a promis d'être là près de moi/Quand je peindrais mon chef-d'oeuvre

(When I Paint My Masterpiece)

Notre Bobby a un gros problème depuis longtemps: c'est un parolier génial mais ses chansons marchent mieux quand les autres les chantent !!

HENDRIX a magnifié All Along The Watchtower, Joan BAEZ a fait de Blowin' in the Wind un protest-song mondial, les BYRDS ont enluminé avec leurs Rickenbacker, Mr Tambourine Man et des tas d'autres, le BAND et le GRATEFUL DEAD se sont investis dans When I Paint my Masterpiece, tout le monde a diffusé les mots de DYLAN aux quatre coins de la terre.

Now little boy lost, he takes himself so seriously/He brags of his misery, he likes to live dangerously

Petit garçon perdu, il se prend tellement au sérieux/ Il se vante de sa détresse, il aime vivre dangereusement (Visions of Johanna)

Alors cela énerve. Aussi, pour montrer qu'il est le meilleur, il se lance dans la Rolling Thunder Revue un joyeux bordel avec des gens qui vont et viennent, après il tourne avec Mick TAYLOR, puis enregistre avec Mark KNPOFLER, foire une tournée avec le GRATEFUL DEAD, se convertit au christianisme pur et dur et sort deux albums de "rock chrétien" bourré de sermons directement extraits de l'Ancien Testament .

Dans le genre je suis une teigne et je le prouve, il ouvre un concert en 1978 à TOKYO par A hard rain....mais en instrumental. Les japs repasseront à la caisse l'année prochaine pour entendre les paroles.

Au début de sa carrière, il avait achevé les puristes folk, en branchant sa guitare sur un ampli au festival de Newport

How does it feel?bis /to be without home/Like a complete union/Like a Rolling stone

Comment se sent-on? bis/Quand on est sans maison/Comme une parfaite inconnue/Comme une pierre qui roule?

(Like a Rolling Stone)

Et donc maintenant pour finir en beauté, mourir sur scène, voici le Never Ending Tour

Incroyable, alors que tous les grands du rock font une tournée mondiale puis se reposent deux ou trois ans en claquant leur blé, notre Bobby est toujours sur la route, à jouer dans des endroits plus ou moins minables, des bleds paumés que tu trouves même pas sur une carte des States, après il vient faire un tour en Europe, toujours un peu dans les mêmes pays et hop back in the USA.

Et tout le long de ces chemins des tas de gens dans tous ces pays vont et reviennent assister à ce spectacle. En 2002, j'avais décidé que les prochaines fois cela serait sans moi, mais ....

The line it is drawn/The curse it is cast/The slow one now will/Later be fast/As the present now/Will later be past

La ligne est tracée/La malédiction est lancée/ Ce qui arrive maintenant/Va bientôt s'accélérer/ Comme le présent de maintenant/ Sera bientôt le passé

(The Times They are A-Changin')

Dylan a une intuition fantastique, il a compris très vite le pouvoir des mots sur une foule, intégré que son message serait mieux entendu sous un déluge électrique, c'est lui qui sort le premier double LP du rock (Blonde on Blonde); qui demande un cachet faramineux pour jouer au Festival de Wight, sa venue triplant le nombre d'entrées.

Et j'écoute ce concert de1964 sorti chez SONY pour contrer les pirates où seul avec son harmonica et sa guitare il chante superbement ses chansons avec un coup de main de Joan BAEZ. Qui peut alors imaginer que ce troubadour contestataire, quelques mois plus tard branchera l'électricité en se gavant de LSD et de speed.

DYLAN est un clown lunaire, une sorte de mystique qui ne reconnaît qu'un maître: lui-même.

Pour en revenir, à ce fameux concert du 13/11/2003 à PARIS, on retrouve un Bobby plutôt en forme qui CHANTE (et non pas psalmodie) ses textes, avec des grands titres qui cette fois sont identifiés au premier accord, le groupe assurant toujours brillament. Quel contraste à 15 mois d’intervalle ! ! !

Du coup, on écoute la suite, les concerts américains du début d’année 2004 excellents eux aussi, avec une set-list différente chaque soir

Il existe une magie dans toutes les bandes studios et dans les live du mec, ce sentiment d’être en face d’un artisan fou et génial, capable de toucher au sublime ou de pondre des merdes spongieuses.

November 13, 2003
Paris, France

    1. Maggie's Farm
    2. Señor (Tales Of Yankee Power)
    3. Tweedle Dee & Tweedle Dum
    4. Visions Of Johanna
    5. It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding)
    6. Boots Of Spanish Leather (acoustic) Things Have Changed
    7. Highway 61 Revisited
    8. (20 minute break)

    9. Down Along The Cove
    10. Mr. Tambourine Man (acoustic) Cold Irons Bound
    11. Most Likely You Go Your Way
      (And I'll Go Mine)
    12. The Lonesome Death Of Hattie Carroll (acoustic) Honest With Me
    13. Every Grain Of Sand
    14. Summer Days
    15. (encore)

    16. Cat's In The Well
    17. Like A Rolling Stone
    18. All Along The Watchtower

     

    Voilà ce que j’ai écrit en 2004 sur le bonhomme. Depuis je butine quelques concerts ou récents, ou ceux avec Tom Petty ou Mick Taylor ou le Band et finalement la liste est longue, longue.

    Je croyais ne pas trop aimer DYLAN…. En fait il fait partie de ma vie depuis si longtemps que j’ai appris à vivre avec lui, à supporter ses concerts foireux, à aimer les autres.

    A acheter ses mémoires dès leur sortie………

     

 

Tag(s) : #MUSIQUE
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