Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Florence et Hussein toujours otages en IRAK

C’est jeudi 28/04/2005, à la Nouvelle-Orléans pendant la Jazz Fest.

 

Il est 5h50 pm, le soleil est encore haut dans le ciel, dans quelques minutes sur la scène du Spirit Sanyo Stage, décorée par des alligators qui jouent du tam-tam, BB King débutera son set.

Je suis à dix mètres de la scène, au milieu d’un public cool, sympa. Je me suis faufilé pendant le set de Clarence « Gatemouth » Brown dans les premiers rangs sans difficulté. Les Américains sont assis sur des chaises qu’ils transportent, ou allongés ou debout. Toutes les classes d’âge sont représentées dans cette joyeuse kermesse qui se déroule paisiblement sous le chaud soleil de Louisiane.

J’ai jamais vu BB King sur scène mais bien sur, je connais le bonhomme, ses disques, son histoire et Lucille sa guitare.

Son groupe joue deux instrumentaux avant son arrivée, chemise marron, air rigolard qui s’installe sur une chaise avec Lucille sus ses genoux.

La première partie sonne assez rythm’& blues avec les cuivres et peu d’interventions de BB King qui se contente de chanter et de dialoguer avec le public.

Il a quatre-vingts balais et il semble s’économiser, mais il a le sens du show. Il dit qu’il est content de retrouver New Orleans là où les mecs sont cool et les femmes les plus belles du monde, il provoque un peu le public en disant que c’est bien calme qu’il n’entend pas bien si tout le monde est « Are you ready ? », il balance deux ou trois accords et puis continue son dialogue ponctué de quelques envolées du groupe.  

Pourtant, au bout d’une demi-heure, les cuivres quittent la scène et le bassiste et l’autre guitariste s’installent sur des chaises de chaque côté de lui.

Enfin du blues, enfin les larmes de Lucille…BB King joue sans médiator, mais les accords qu’il plaque, résonnent dans les amplis. C’est la musique du Mississipi, celle que Robert Johnson enregistra le premier dans les années trente, le cri de souffrance du peuple noir qui se propage sur chaque rive du fleuve et qui monte dans le soleil couchant de l’hippodrome.

C’est le chant, la guitare d’un des derniers bluesman historique.

Lucille pourrait en raconter des histoires sur ces clubs miteux, le racisme, les organisateurs véreux, les années de vache maigre quand le blues était plus qu’une musique mais un mode de vie. Mais Lucille a connu aussi la gloire, la reconnaissance, l’adulation de tous ces blancs becs anglais qui sont venus piller les accords et le style. Certains ont payé leur dîme, comme Eric Slowhand Clapton, qui a enregistré un CD entier avec lui et qui l’invite régulièrement à ses concerts. Finalement, les blancs-becs l’ont fait connaître partout dans le monde lui permettant de voyager, de faire la juteuse tournée des festivals européens. Mais ils lui devaient bien cela non ?

Parce que BB King est un rescapé de ses années difficiles, des lois scélérates sur la discrimination raciale, témoignage vivant du combat du peuple noir.     

 BB King a des mimiques incroyables quand il joue, son visage se tord exprimant la beauté, la joie ou la douleur.

Ce n’est pas le meilleur concert que j’ai vu, mais…

 

C’était jeudi 28/04/2005 à New-Orleans pas loin d’où cette musique est née.

C’était jeudi à New-Orleans, des notes magiques qui s’échappent de la guitare noir d’un vieux bonhomme assis sur scène juste devant moi.

C’était jeudi à New-Orleans, aux USA le pays du blues, le pays où la musique que j’aime est née, c’était jeudi à New-Orleans et j’étais heureux comme un gosse d’y être ! ! !
 

 

Tag(s) : #MUSIQUE
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :